vendredi 30 juillet 2010

Les chroniques d'un Moijeu

Je suis un centre d’intérêt, un puit de science, tantôt cœur, tantôt nombril, ego, mégalo, rigolo, je cause et tu écoutes, j’hypnose et je t’envoûte, sans pause je te déroute. Reste attentif je vais t’apprendre, moi aujourd’hui c’est toi avec du travail et du progrès demain, sans trop forcer je te mets la misère, mes acquis sont tels qu’avec de la mauvaise volonté je garderai toujours une longueur d’avance. Ami du moimon, du moima, du moijai et du cémoiki, me voici : le Moijeu.

Toujours bien constitué, je suis toi en mieux. Regarde, tu cours, je te dépasse et je ne suis pas à fond. Des aptitudes innées ou acquises sans trop de difficultés et des membres à ma démesure, j’ai été touché par la grâce. Que veux-tu, rien ne peut m’atteindre, pas même la blanche grenouille d’un bave crapaud. Le narcissisme est mon compagnon, je l’ai dompté et adopté comme un geek et son PC. Sports, loisirs, fringues, tu payes pour avoir et faire ce qu’on me paye pour représenter. Parce que je représente.

Tu sais, ce que je sais c’est pas sorcier mais tu le sais pas, je t’apprends c’est comme çà, va savoir. Même ce que tu connais bien, à force de pratique et d’intérêt ne me surprend pas, personne n’a inventé la poudre et ce n’est pas toi qui vas commencer. Rien ne vaut mes activités et passions, c’est pourquoi j’en parle, les tiennes ne valent rien, c’est pourquoi tu écoutes. Je suis le pro de la classe, l’expression de la maîtrise et l’apogée de l’excellence, le reste n’est qu’ébauche et amateurisme.

Ma voiture est une Soubadeurou trois papes, deux sous papes, jantes Iberi, néon Zitrone, une moto Yamakasy, des skis bispates, carves Lagerfield, mon chien est un boxer mais je porte la culotte, des polo Q et des pompes Antisèches. Ma famille est en Nord, la tienne à l’Ouest, ma sœur est Master et mon frère est masseur, mon père est le père Noël et Noëlle ma mère. Mon oncle est une tente et ma tante un oncle incarné, son beau père est aussi beau que ta belle mère mais moins niaise que ta nièce et moins bof que ton beauf.

A l’ère du network je ne suis pas en reste, en clair je connais tout le monde. Une myriade d’amis et des bras si longs que je pourrais enlacer Maïté. Mon père est directeur quand le tien bosse en mairie et ma mère bosse au foyer quand la tienne passe des articles, mon oncle est politique quand il n’est pas producteur de cinéma ou médecin, j’ai un pote qui, je connais quelqu’un qui, c’est comme mon, çà me fait penser à ma, pareil que quand je, c’est un peu comme moi quand et je me souviens de mon temps. J’ai toujours un proche qui a crée, inventé ou fait ce que tu annonces. Coté cœur je ne suis pas en reste non plus, celle qui me plait, tel un lapin, je la pine, fin de la gâchette et habille de la courge, dès que je cible l’oignon les carottes sont cuites. Des filles à la pelle, je ne prends jamais de râteaux.

Moijeu, double je, petit jeu mais grand je, je jouie jour et nuit jazzant judicieusement, jurant, jonglant et juxtaposant mes joutes verbales sur une jolie Javanaise. De janvier jusqu’à juin début juillet, l’un dit je dis ceci, jeudi je dis cela, je dis toujours. Depuis jeune j’œuvre ainsi, j’adore, j’adhère, j’attire, je tire avec joie et justesse sur le juteux joint du jargon comme on jailli sur un jambon. Jadis juste, aujourd’hui je jalouse et ris jaune quand les jetons adverses jouent sur mon jardin, jetant leur dévolu sur les jupes et jarretières qui agitent ma tige.

Gary.

Vers les chroniques d'un Mouton...

jeudi 22 juillet 2010

Les chroniques d'un Sportif

Un taux hormonal au dessus de la moyenne, parfois lourdingue et bruyant, mes muscles sont saillants et bandés, mon T-shirt quand ce n’est pas un marcel laisse apparaître mon travail dans les salles de musculation, je suis inscris dans un club de sport co et bois de l’eau. J’aime les sorties, les potes, les meufs. Avec mes potes on se mare beaucoup, fin de la blague, sourire en coin, rarement bière en main, vous m’avez reconnu je suis un Sportif.

Hors de question que je me laisse aller une seconde, à chaque excès une tarte ou un malheureux bout de fromage je fais une pompe ou deux abdos. Je connais mon corps et toutes ses aspérités par cœur, je l’aime comme ma voiture, le surveille comme le lait sur le feu et le regarde bientôt plus que ma femme. Je crois, dans le fond que je le préfère à ma femme, je me ferai l’amour si mon corps était d’accord.

Pour moi tout est prétexte à faire de l’exercice. Lorsque je fais les courses, je prends les pondéreux çà fait les biceps, au travail je suis toujours volontaire pour faire les photocopies à l’étage çà fait les jambes, j’ai ajouté un poids à la souris de mon PC, çà fait l’avant bras et j’encourage ma femme à suivre mon exemple, çà lui fait les pieds. Pour être équilibré il faut être creux, dense et bombé, la vie est un perpétuel combat contre la gravité et je serais grave de ne rien faire.

Je pars au boulot à vélo, monte les marches de l’entreprise à cloche pied, des pompes quand mon boss à le dos tourné, je cours entre midi et deux et fais 2h de footing le soir avant de manger. Je dors en équerre et porte ma femme quand je lui fais l‘amour, son poids est tel que j’ai du changer tous mes T-shirt de deux tailles. Je regarde les films du dimanche avec un casque pour renforcer mon cou et ne touche jamais le sol lors des repas entre amis, pour renforcer ma ceinture abdominale. Si je suis le seul à le faire, je serai aussi le seul à me taper la classe à la plage cet été.

Devant tant d’attention portée sur mon bien être et mon corps certains m’imagine gay, s’il ils savaient combien j’ai soulevé avant qu’on me mette le grappin dessus, ils se mettraient à la muscu. Qu’es-ce que vous croyez ? Tout le monde veut le corps de Brad Pitt dans Snatch, ceux qui disent le contraire sont des menteurs. Moi j’ai le ventre plat, le V, la croix sur les cuisses, mon corps est dur un peu partout et ma grosse veine bleue gonfle quand j’exerce, alors si tu savais ce que je pense des mauvaises langues de putes…

Développer une activité entraîne généralement l’atrophie d’une autre c’est pourquoi mon cortex s’est quelque peu atrophié et je vais probablement finir seul à me masturber, j’aurais eu un corps qui tue. Vous n’imaginez pas le plaisir de se déplacer avec des muscles d’aucune utilité dans la vie qu’on mène, je m’aime. Quant à ma femme, plus je la porte, moins elle marche, plus elle est contente, plus elle grossi, plus elle est lourde et plus je prends du muscle quand je l’a porte.

Que demander de plus ? Si ce n’est changer de compagne quand elle sera trop grosse et moche pour mériter le fatal apollon narcissique que je serai devenu.

Gary.

Vers les chroniques d'un Moijeu...

jeudi 15 juillet 2010

Les chroniqes d'une Petite Abeille

Je vole, papillonne, butine, prospecte et me renseigne toujours avant de me lancer, mon cœur c’est ma tête, j’aime ce qui brille et rapporte à coup sur. J’aime le tout cuit. Je déteste la misère et pense qu’on devrait tous s’unir pour la combattre une fois rentrée de mes vacances aux Baléares. Je n’aime pas l’échec, les handicapes, les occupations bas étage, les fringues tout public et les moches, même si elles sont indispensables pour que je me sente belle. Je me présente, je suis une Petite Abeille.

Bien éduquée, on m’a toujours appris à flairer les bonnes affaires, que ce soit les fringues ou les mecs il est hors de question de prendre les miettes, je suis belle et bien gaulée, on me doit bien ça. Ce qui se trouve à l’intérieur ou ce que j’envoie dans un lit n’a aucune importance, je suis la reine de l’illusion et l’homme est aveugle. Mes antennes sont mes yeux, les soldes, les études en vogue et les bons partis sont dans ma ligne de mire, d’un regard révolver et d’un mouvement de cheveux façon Barbara Gourde, je ne manque jamais mes cibles.

Mes ailes sont mes jambes, mes griffes sont mes mains, mon dard est mon sex appeal, le pollen et la cire sont mes charmes, j’en répands un peu partout avec précaution car il ne faut jamais mettre tous ses œufs dans le même panier. Vous n’imaginez pas tous les efforts que je mets en œuvre pour garder ma taille de guêpe ainsi que des rondeurs comme il faut là où il faut, c’est un travail de longue haleine. Je mange Bio non seulement parce que c’est dans l’air du temps mais aussi parce que je désire conserver mon organisme et la planète intactes.

J’ai beaucoup d’amis réalisateurs et photographes qui ont le talent de me faire plus belle que je le suis déjà. Tiens, cet après midi j’ai un shooting avec Raph, il est homo et va me prendre sous toutes les coutures. J’ai les orifices en éveil.

Branchée non stop sur Facebook, mon profil est aussi renseigné et illustré qu’un Atlas. Je donne régulièrement des nouvelles des cheminements et actions de ma personne, vous pouvez savoir où je vais avec qui et comment, ce que j’ai mangé hier et ce que je mangerai probablement demain. Il est important que tout le monde sache, car ma vie j’en suis sure, les intéresse autant que je m’intéresse à la leur. La communication fait l’union et l’union fait la force donc unissons nous avant de nous faire rattraper et manger par les chinois.

Je suis auto entrepreneuse de mon commerce indépendant, mon fond c’est ma séduction, j’offre un charme contre une information et une pipe contre une faveur ou des vacances à la mer. C’est un échange de bons procédés, la prostitution n’a rien à voir. Je suis un excellent vecteur de communication, ce que j’entends, je le répète sans y toucher, çà doit être rapide et efficace. Les ragots sont mon gasoil et les emmerdes des autres un moyen de me rassurer et de me dire que la vie est la même pour tout le monde, surtout pour ceux qui la méritent.

Un jour je me poserai, un parterre d’hommes tel un champ de fleurs attendra que je le butine ou l’inverse, ce n’est qu’une question de temps, d’envie et d’opportunités car je ne me pose jamais sur une fleur fanée. Vous connaissez une abeille assez conne pour se poser sur une fleur fanée ? Non, je ne pense pas. Si vous étiez comme moi vous feriez pareil, butiner jusqu’à ce que la fleur fane que voulez-vous .

Gary.

Vers les chroniques d'un sportif...

dimanche 11 juillet 2010

Les chroniques d'un Buzzer

Ami des nouvelles technologies, phénomène du XXIème siècle, tout petit insignifiant, je bourdonne. Viral, je me répands jusqu’à atteindre un niveau de notoriété et d’attention bien supérieur à mon acabit, quelques mois de durée de vie, je progresse avec l’assurance et la détermination d’un message sans fond stimulé par l’inconscience. Je prends de l’espace et me répands avec la maîtrise et la délicatesse d’un pet dans un ascenseur, en six lettres vous me résumez : Buzzer.

Le Buzz, comme les Boost des jeux de voitures sont, par leur nature explosive et éphémère, des accélérateurs à court terme réutilisables à condition d’une pause intermédiaire. Certains petits malins pensent que l’on peut faire carrière sur des Buzz comme on pourrait faire des tours de pistes à l’aide seule du Boost. Peut-être n’ont-ils pas joué suffisamment aux jeux vidéo pour en tirer les rares enseignements…

Peu m’importe les critiques, j’ai réussi depuis qu’on m’a ouvert les portes du réseau national. Pour certains je ne suis que de la chair à Buzz et pour d’autres le bouffon des producteurs mais au moins je bénéficie de l’attention du grand nombre et probablement sa crédibilité. Sachez que anonyme, on peut passer pour un con à dire des choses intelligentes, alors que connu on peut passer pour quelqu’un d’intelligent à raconter des conneries. C’est la magie de la notoriété.

Il est vrai que 50% de mon audience est composée de critiques et ma progression n’aurait jamais eu lieu dans un monde sans moutons ni voyeurs, mais que voulez-vous ? Je ne suis que le parfait candidat d’une société faisant l’apologie de la forme et des bénéfices à court terme. Je nourrie ce système que je prétends niquer. Le fond de mes discours ne mérite pas l’attention mais la forme fait le bruit responsable de l’audience, elle-même source de pognon.

J’irais dans ces très sélectes télés réalités, boites à notoriété dont le fond et les messages n’ont pas plus de portée que la chaude pisse d’un caniche à l’agonie. J’y ferai la promotion d’associations dont le but, à mes yeux, à autant d’importance que l’avenir médiatique de mes concurrents. Je suis là pour le fun, l’éclate et les filles, le vent et le jeu sont mes amis. Je pense que les discours politiques sont des sketchs et les écoles de commerces des star académies.

Je suis un Buzzer et en assume les revers. Une notoriété aussi fulgurante qu’une descente aux enfer, bête de foire au service d’un public zappeur à distraire. Si j’étais allé jusqu’au bout de mon cursus universitaire, j’aurais appris que la nouveauté connaît un déclin après maturité. Je me rends compte que les strasses et paillettes de la TV deviennent une drogue à laquelle je succombe en répondant présent aux multiples invitations d’émissions, aussi intéressantes qu’un repas avec moi. Le seul film que j’ai réalisé est celui de ma propre vie, de la durée d’un court métrage, ainsi qu’une biographie de l’épaisseur d’un magasine.

Oui le Buzz est un bruit audible du plus grand nombre en un temps minimal, le Buzz est un moyen et non une fin, il annonce et capte l’intérêt censé glisser un contenu, un message. Hélas toutes les nouveautés ont cet effet et le vrai défi relève de la longévité, à savoir, travailler plus pour durer plus.

Gary.

Vers les chroniques d'une petite abeille...