lundi 6 septembre 2010

Les chroniques d'une Idée

Petite, insignifiante, fugace, insidieuse, infime, minime, grotesque, négligeable, jugulée, étouffée, faible, discrète, piteuse, terre à terre, obscure, controversée, sournoise, stupide, mauvaise, écartée, isolée, idiote, naze, ridicule, dérisoire, éculée, implicite, explicite, bonne, claire, large, éblouissante, remarquable, grande, habile, adroite, subtile, forte, géniale, brillante, intelligente, éminente, tendancieuse, transcendante, puissante, notable, lumineuse, je suis une idée.

Livre, film ou chanson, une phrase ou quelques mots, écrite, dite ou mimée, une fois lancée, les dés sont joués. Elles naissent d’une étincelle, une envie ou d’un éclair et se propagent telle la lumière, on peut les cacher mais elles ne pourront disparaître. Elles volent, flottent et s’envolent, actives ou latentes, on les trouve everywhere. Libre à chacun d’en saisir ou d’en snober, les idées sont des courants de longueur, sens et directions différentes. Usages multiples, elles fédèrent, motivent, engagent, encouragent, divisent, révulsent, tranchent ou évitent.

Quête du philosophe, elles préexistent à la matière, des bulles de champagne de l’esprit, elles traversent la tête, on en fait des boites à, cette chronique en est une, il en existe des noires et des claires, auxiliaires de vie, sans utilité pratique mais parfois bien utiles, on peut se passer d’eau, ne buvant que du vin, mais pas d’idées et il faut toujours se réserver le droit d’en rire demain. Exagérées en œuvres d’art, elles se prêtent à un perpétuel jeu de séduction auprès de leurs adhérents. Peu farouches et généreuses, quand deux individus s’échangent deux idées, ils repartent chacun avec les deux.

En management, c'est une suggestion d'amélioration faite par un des collaborateurs. C'est aujourd'hui, dans le cadre de l'innovation participative, le Système de management des idées, appuyé le plus souvent par un logiciel installé sur l'intranet de l'entreprise, de solution, d’innovation ou de stratégie. C’est pour les bons élèves qui aiment la branlette des phrases à rallonge. Une idée n’a pas besoin d’être compliquée pour être simple, surtout si elle l’est. C’est pourquoi on ne le dit pas.

J’aime le pouvoir des idées, celui qui la défend peut disparaître que l’idée elle-même changerait le monde 400 ans plus tard. Quand une idée est bien, on y va on y revient, toute idée à son moment, au bon moment, à ce moment là. J’aime l’idée d’une idée, celle d’un message qui court seul après son lancement, rebondissant sur les lèvres de ceux qui y adhèrent et s’écrasant sous le pas de ceux qui tentent de les étouffer. Les idées sont comme les moustiques, plus on en tue, plus il y en a.

Je divague entre les idées vagues et les idées fixes que l’on place entre les astérisques. Adhérer à une idée c’est être identifié à une identité, idole ou hideuse entité, s’y refuser c’est risquer d’être écarté. Certaines sont ma folie, mon envie, ma lubie, mon idylle, d’autres mon ennui, ma mélancolie et une lubie pour les débiles. Les sagaces agacent si elles cassent et les fugaces s’effacent pour laisser place. Une idée idoine adéquate comme Sheilla alors qu’une idée inadaptée peut capoter comme le chat. Le chat botté.

Gary.

* C’est curieusement lorsqu’on fait la chronique d’une idée qu’on en manque pour faire une chute convenable.

Vers les chroniques d'un Winner...